Trump/Biden : l’essentiel d’un débat « chaotique »
« Chaotique », est le mot sur toutes les lèvres pour qualifier le débat télévisé qui a opposé les deux candidats à la présidentielle américaine mardi soir à Cleveland, en Ohio. Le débat a pris un sombre virage dès les premières minutes, au cours desquelles Trump et Biden n’ont cessé de se renvoyer la balle et de s’interrompre.
C’est un débat mouvementé et particulièrement virulent qui a réuni les deux adversaires hier soir. Exaspéré, Biden n’a pas hésité au bout de dix minutes à demander à Trump : « Voulez-vous vous taire, mec ? » « Les gens comprennent, Joe. Pendant 47 ans, vous n’avez rien fait », a rétorqué Trump.
Après cette première moitié chaotique du débat, le modérateur Chris Wallace a demandé au président Trump de cesser d’interrompre son adversaire.
« Tout d’abord, je suppose que je débats contre vous, pas lui« , a répliqué Trump à Wallace. « Je ne suis pas surpris. »
Cour suprême, santé et corruption, au cœur du débat
Comme prévu, la première question qui a été posée aux deux candidats concernait la vacation à la Cour suprême. Sur ce point, Biden, fidèle à la stratégie déployée par les démocrates ces derniers jours, a fait valoir que si la juge Amy Coney Barrett était confirmée par le Sénat et que le tribunal annulait la loi sur les soins de santé de l’ancien président Barack Obama, 100 millions de personnes souffrant de maladies préexistantes perdraient leur couverture santé.
« Et il n’est donc tout simplement pas approprié de le faire avant cette élection« , a argué Biden, faisant référence à un vote de confirmation de Barrett au Sénat avant l’élection.
Par ailleurs, Trump a contesté l’affirmation selon laquelle 100 millions de personnes ont des conditions préexistantes, avant de pivoter pour attaquer Biden sur son propre plan de soins de santé qui, selon lui, mettra fin aux à la couverture maladie de 180 millions de personnes qui ont actuellement une couverture privée.
Biden a répondu que « ce n’est tout simplement pas vrai », alors que Trump l’a accusé de faire de « la médecine communiste ».
Lorsque les deux candidats ont été interrogés sur la gestion de la pandémie, Biden en a profité pour accuser Trump d’avoir été conscient des risques posés par le coronavirus dès février, mais de n’avoir rien fait pour éviter de semer la panique auprès des Américains.
Se tournant vers la caméra, Joe Biden a déclaré : « Vous (ndlr: les Américains) ne paniquez pas. Il panique« .
Se félicitant du bilan de Covid, Trump rétorque « Je vais vous dire, Joe, que vous n’auriez jamais pu faire le travail que nous avons fait. Vous ne l’avez pas dans votre sang. Vous n’auriez jamais pu faire ça, Joe« .
Plus tard dans le débat, le président américain a attaqué Biden sur les allégations de corruption présumée contre son fils Hunter en Ukraine.
« Il ne s’agit pas de ma famille ou de sa famille, il s’agit de votre famille – le peuple américain », a répondu Biden. « Il ne veut pas parler de ce dont vous avez besoin« , a-t-il poursuivi en s’adressant à nouveau à la caméra. Dans un échange houleux sur les déclarations de revenus de Trump, Biden a accusé son adversaire d’être « le pire président que l’Amérique ait jamais eu« .
Biden a attaqué le candidat républicain pour avoir profité du code fiscal américain et a promis d’éliminer les réductions d’impôts mises en place par l’administration Trump.
Trump a répliqué vivement qu’il avait « fait plus en 47 mois que vous n’en avez fait en 47 ans« .
À la fin du débat, le président Trump a refusé d’affirmer s’il allait accepter les résultats des élections ou qu’il se retiendrait de se déclarer vainqueur le soir du 3 novembre avant le décompte de millions de bulletins de vote par correspondance. Le candidat républicain a soutenu que le vote par correspondance laissait la porte ouverte à tous types de fraudes électorales, un argument réfuté en bloc par Biden. Plusieurs commentateurs sur les chaines américaines ont qualifié ce face-à-face du « pire » débat d’une élection présidentielle auxquels ils ont assisté. Pour le moment, Trump et Biden devraient s’affronter deux fois de plus avant les élections, une fois à Miami et une autre à Nashville.